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Mali : vers des élections historiques

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Sept mois après l’opération Serval qui a libéré le Nord du pays, les Maliens sont appelés le 28 juillet à choisir leur prochain président. Lors de cette élection, Caritas Mali, appuyée par le Secours Catholique, déploiera 153 observateurs chargés de s’assurer de la transparence du scrutin.

 

Dans la fraîcheur de l’amphithéâtre qui contraste avec la moiteur suffocante de Bamako, les stylos glissent prestement sur les feuilles. 153 Maliennes et Maliens, étudiants ou jeunes diplômés pour la plupart, écoutent avec attention les deux professeurs – un politologue et un expert en droit électoral – qui interviennent à tour de rôle sur l’estrade. Il ne s’agit pas d’un cours, mais d’une formation d’observateur organisée par Caritas Mali à quelques jours du premier tour d’une élection présidentielle historique.

«  Nous avons été interpellés par la situation de notre pays ainsi que par le message des évêques, qui ont appelé à élire avec discernement un président soucieux du bien commun », explique le secrétaire général de Caritas Mali, Théodore Togo.

Pour la première fois, l’organisation déploiera sur le territoire malien 153 observateurs chargés de s’assurer de la transparence de ce scrutin capital. Dans cette jeune démocratie gangrénée par la corruption et la fraude, la mission revêt un sens particulier.

« Les observateurs exercent un contrôle citoyen non partisan. Leur rôle est très important », insiste le politologue Mamadou Samaké. Aux côtés des observateurs de Caritas, plus de 2 000 observateurs seront déployés dans le pays, dont un gros contingent de l’Union européenne, de l’Union africaine ainsi que de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). «  Ces élections seront surveillées comme le lait sur le feu », résume le professeur Samaké.

Autre gage de transparence : le Mali utilisera le fichier biométrique – une liste électorale informatisée qui « limite le risque de fraude et crédibilise les élections », explique Mamadou Samaké.

 

Restaurer la fierté du pays

 

Dans l’amphithéâtre, une question revient en boucle : est-il possible de tenir des élections transparentes dans un pays à la stabilité encore précaire ? Chacun a en tête les exactions perpétrées quelques jours plus tôt à Kidal, dans le Nord, où quatre Maliens ont été tués, et cinq agents électoraux et un élu enlevés (libérés depuis). « Ils feront tout pour empêcher les gens d’aller voter ! », s’inquiète un des participants.

« Au-delà des contingences, si l’on veut que la majorité des Maliens puissent manger à leur faim, il faut aller aux élections. À défaut, on crée le lit d’une seconde insurrection », estime le professeur Samaké. Et à ceux qui crient à l’ingérence française, le professeur rappelle que le gouvernement de transition a adopté la feuille de route fixant le calendrier. « Il n’y a pas d’élections parfaites », conclut-il, alors qu’on lui fait remarquer que de nombreux Maliens n’ont toujours pas reçu leur carte d’électeur.

 

Dans la capitale, les affiches de campagne de pas moins de 27 candidats en lice ont fleuri à chaque coin de rue. Les plus visibles sont celles des deux grands favoris : Ibrahim Boubacar Keita (IBK) et Soumaïla Cissé, deux hommes politiques du sérail, rompus aux responsabilités nationales et internationales, et dont les programmes sont aussi vagues que similaires…

 

Aussi imparfaites soient-elles, ces élections historiques suscitent l’espoir : celui d’en finir avec les pratiques du passé, celui surtout de construire un Mali apaisé à la fierté retrouvée. « Je suis optimiste, assure Armand, jeune diplômé en droit international. Avec tout ce qu’on vient de vivre, je pense que les Maliens seront nombreux à aller voter et qu’ils s’uniront quel que soit le résultat du scrutin. »

Marina Bellot

Secours Catholique



26/07/2013
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